Lettre ouverte à Bruno Lemaire, ministre de l’Economie et des finances (USEP-SV)
Monsieur le Ministre,
Depuis 2020, nous faisons face, individuellement et collectivement, à des crises globales sans précédent qui viennent, les unes après les autres, fragiliser nos structures culturelles et artistiques de service public : l’essoufflement des valeurs démocratiques, la pandémie de Covid-19, le dérèglement climatique et depuis quelques mois la crise inflationniste.
L’avenir est menaçant.
Nous sollicitons votre soutien pour garantir au secteur culturel son caractère essentiel et que les opérateurs de service public ne se retrouvent pas abandonnés dans une économie tellement mondialisée qu’elle en oublie les artistes qui participent aux missions de l’intérêt général.
Conscients de l’impact environnemental des consommations d’énergie, de leur coût, nos entreprises sont déjà engagées dans la conduite sobre de nos projets d’activités. Nous sommes au travail pour fédérer nos équipes, les artistes et les publics pour mettre en oeuvre les mesures techniques, systémiques et artistiques urgentes. Notre fédération prépare des engagements et des interpellations politiques sur la façon de conduire la mutation écologique du spectacle vivant de service public.
Pour autant, la hausse des prix de certains services est tellement exponentielle qu’elle n’a rien à voir avec la seule inflation conséquente de la crise ukrainienne et qu’elle s’apparente davantage à des stratégies de profit de crise. Nous vous demandons de les dénoncer et d’agir en conséquence.
Les sociétés de production et de distribution d’énergie qui pratiquent des hausses de prix supérieures à 100 % pour certaines d’entre elles, menacent notre économie et en particulier le secteur des arts et de la culture qui est totalement incapable d’absorber une telle hausse. 90 % de nos adhérents vont être en situation de déficit cette année et n’auront que pour solution de supprimer des spectacles et des productions si un soutien financier énergique n’intervient pas à court terme. L’emploi artistique et technique, par nature non délocalisable, sera violemment impacté.
Nous souhaitons également attirer votre attention sur le secteur de l’hôtellerie dont les hausses de tarifs varient entre 100 et 200 % dans les grandes métropoles, ce qui constitue un abus scandaleux.
Notre secteur qui accueille en permanence des artistes est directement touché par ces hausses que rien ne justifie. L’impossibilité d’héberger les artistes fait peser sur le secteur artistique une menace encore plus immédiate. Cette situation doit être dénoncée et nous attendons de votre part un engagement précis et ciblé sur ce sujet.
Enfin, le secteur des transports constitue notre dernier point de vigilance tant son impact est également consubstantiel à la mobilité de nos métiers.
Monsieur le Ministre, l’Allemagne a annoncé le déploiement d’un bouclier tarifaire exceptionnel dont le secteur de la culture bénéficie à plein. Tel n’est pas le cas, à ce stade, dans notre pays.
Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de notre parfaite considération.
Paris, le 7 novembre 2022
Aline Sam-Giao, Présidente, Les Forces Musicales
Nicolas Bucher, Président, Profedim
Frédéric Maurin, Président, SNSP
Nicolas Dubourg, Président, Syndeac
